Retour sur l’enquête E2CM sur le contract management
Comme d’habitude, Grégory Leveau et Naoual Berggou ont réalisé un très beau travail pour notre communauté de contract managers.
Il s’agit cette fois de l’enquête sur les pratiques de contract management.
Une conclusion positive
La grande conclusion, c’est que le métier se structure, ce qui se caractérise par:
- Une grande diversité des secteurs d’activités des contract managers
- Une augmentation des entreprises de moins de 1000 collaborateurs employant un ou des contract managers par rapport à l’étude précédente
- Une forte augmentation des structures de contract management au sein des entreprises par rapport à l’étude précédente
- Une augmentation de la rémunération moyenne par rapport à l’étude précédente
Quelques points restent à améliorer, notamment la connaissance du métier et la culture du contract management, les outils ou encore le career path que les entreprises pourraient développer, en créant des passerelles de et vers d’autres fonctions notamment.
Tout cela est totalement en phase avec ce que j’observe sur le terrain.
J’ai eu ensuite des échanges très intéressants avec des contract managers sur quelques éléments. Permettez que je les aborde ici.
La gestion des risques n’est pas un processus du contract management
Selon l’enquête, le contract management est rattaché à la Direction des Risques dans 0.8% des cas, et le processus de contract management le moins abouti serait celui de gestion de risques et problèmes.
Cohérent ? Oui.
Etonnant ? Non.
A corriger ? Pas forcément.
La maîtrise des risques concerne d’abord les risques de l’entreprise, ceux ayant un impact sur les comptes ou l’image de l’entreprise – en fait, sur le cours de bourse pour les entreprises cotées et pour faire simple. La direction des risques est alors souvent soit indépendante soit rattachée au contrôle interne ou à la finance.
Le processus mis en place est souvent appelé ERM – Enterprise Risk Management.
Viennent ensuite les risques des projets, pilotés par un processus classiquement dénommé PRM – Project Risk Management. Cela prend en compte tout le cycle projet, développement (ou phase commerciale) et réalisation donc. C’est même une pierre angulaire du project management.
Les outils et méthodes entre ERM et PRM sont similaires, mais il y a une grosse, très grosse différence. L’ERM se concentre sur les risques négatifs, les seuls impactant le compte de résultat ou le bilan; le PRM s’intéresse également aux risques positifs, appelés opportunités.
Une fois que l’on a rappelé ces éléments de contexte, les résultats de l’enquête sont tout à fait logiques puisque la maîtrise des risques n’est pas un processus du contract management, mais de la gestion de projet et de la gestion commerciale.
Ceci étant dit, cela ne m’a pas empêché, lorsque je pilotais des projets, que le processus de risk management soit animé par le contract manager de mon équipe projet; cela dépend du partage des rôles et responsabilités.
Notez également que 14% pour la Contract Awareness, ça, ça me gêne car on est au coeur du contract management !!!!
Les outils peuvent attendre
79.2% des répondants utilisent Microsoft Office pour leurs activités de contract management, et ce malgré les débats autour de l’intelligence artificielle et la montée en puissance de la LegalTech.
Rappelons que la LegalTech n’a pas l’apanage des outils de contract management, et que la suite Microsoft est assez puissante: Excel par exemple n’est en fait pas un outil, mais une base pour créer des outils. La question est alors de savoir si les contract managers peuvent (faire) développer des outils.
Ce point d’ailleurs n’est pas une priorité pour moi, en raison notamment des 42.3% qui pensent que le plus gros frein au contract management est un manque de culture de contrant management au sein des organisations.
Pour ceux qui me suivent régulièrement, vous savez que mon credo est: People – Process – Tools. Dans cet ordre.
Attaquons-nous d’abord à la culture du contact management avant d’aller vers les outils !
Vous pouvez retrouver les résultats de l’enquête en cliquant ici, et visionner le webinar en cliquant là ou en regardant ci-dessous:
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Jean-Charles Savornin
Comments (2)
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du contract management
Tu as raison sur la culture de contract management qui doit être déployée au sein des organisations. Mais depuis qu’on en parle on peut s’étonner de ce changement très/ trop lent. Je crois pour ma part qu’il faut lancer les 3 axes (people, process et outils) en parallèle car à ce rythme je serai à la retraite lorsqu’on reconnaitra les bénéfices du CL.
Oui tu as raison, il faut aller plus vite, le rapport de la Cour des Comptes sur la filière EPR et notamment Flamanville 3 est assez clair là-dessus: il y a un manque de contract management.
Je cite: « Les relations contractuelles ont aggravé la faiblesse du pilotage
technique du projet puisque les contrats n’intégraient, à leur signature, ni les
aléas – pourtant prévisibles compte-tenu du caractère de « tête de série » du
réacteur – ni des mécanismes incitatifs qui auraient permis de prendre en
compte le caractère incomplet du design. Onze des douze principaux contrats
de l’EPR de Flamanville ont ainsi connu des augmentations de coûts
comprises entre 100 % à 700 %. »